14-18 la Grande Guerre
Collège Emile Combes, Bordeaux
"Little sister"
Te souviens-tu de nos adieux ?
En cet avril radieux,
Tu disais que l’été me ramènerait vite
Sous le soleil sans heurt de notre doux pays
Que les accents de mon trombone enchanteraient bientôt le jardin de Maman,
Comme avant…
Au fil des notes bleues, je te dis que je t’aime, petite sœur.
Alors sur ce bateau, nous menant aux quais de Bordeaux,
J’étais encore drapé dans un bel idéal :
Je serais accepté, car ma couleur de peau
N’éteindrait jamais mon courage,
Défendrait noblement notre belle Amérique
Et libérerait en France mes plus belles notes de musique.
Au fil des notes bleues, je te dis que je t’aime, petite sœur.
Tu n’imagines pas ce que je vis ici :
Une drôle de violence résonne jour et nuit.
La peur nous abreuve, l’espoir nous nourrit,
Nos croyances, nos partitions et le souvenir de la Patrie
Guident nos pas meurtris.
Au fil des notes bleues, je te dis que je t’aime, petite sœur.
De la boue, et des rats, et du sang, et des pleurs
Et mes compagnons noirs tombent sous les flocons
De cet hiver sans fin et des balles du front.
Ai-je été jeune soldat, fier de partir en guerre ?
Dis-moi, petite sœur, de quoi étais-je fier ?
Au fil de notes bleues, je te dis que je t’aime, petite sœur.
In the blue of the sky, I see the blue of your eyes
The breath of the flowers, your perfumed tresses disclose
In the hell, I remember your voice like an anthem of purity
Tell me my little sister, of whom was I proud ?
Like the freedom of blues notes, you be forever in my hearth, my little sister.