14-18 la Grande Guerre
Collège Ausone, Le Bouscat
"Mémoires d'objets"
Dans les tranchées, quand mon soldat entend la cloche tinter,
Comme un miracle, je fais mon apparition.
Sale, taché, un peu déchiré et souvent froissé, tellement je suis manipulé.
Je suis un obus à la tête pointue.
Dans les mains de poilus barbus, je laisse des résidus.
En métal froid, calé dans le canon,
J’attends le choc, l’explosion.
Ça chauffe et je m’envole.
Avant de redescendre vers le sol
Pour faire des dégâts
Dans un groupe de soldats.
Je suis une gourde. Ronde et lourde, en peau, pas remplie d’eau, mais de vin.
Je suis …. je suis…je suis…..je suis….
Je suis un stylo qui écrit à ceux qui l’attendent là-bas.
Je suis Américain, venu de loin, pour aider la France ensanglantée.
Je suis un casque, fixé à longueur de journée sur la tête des soldats français.
Je suis un masque qui couvre du cou jusqu’au front.
Je suis du singe. Je suis du bœuf en boîte.
Je suis un casque en métal, Je suis rond comme un ballon.
Je suis un journal, taché, un peu déchiré et souvent froissé.
Je suis un soldat au combat avec son barda.
Je suis une carte, tirée, battue ou abattue.
Je suis fier de l’accompagner dans cette grande guerre.
Je suis toujours là dans les combats.
Au milieu du froid.
Dans les tranchées au milieu des fumées.
Quand il m’a dans les mains, mon soldat n’a peur de rien.
Fixé à longueur de journée sur la tête.
Sur lui, au bout de sa bandoulière,
Je suis fière de l’accompagner dans cette grande guerre.
Je suis toujours là dans les combats.
Au milieu du froid.
Dans les tranchées au milieu des fumées.
Je suis une balle,
Petite, froide en métal
Rangée dans le barda.
Avec moi, le soldat fait des dégâts.
Manipulée, placée dans le canon,
Je me sens toute serrée
Mais quand je suis percutée, je me sens libérée.
Dans les airs, je suis mon trajet,
Jusqu’à terminer dans un corps blessé.
Je vois le jour dans les tranchées,
Un simple bout de papier, vous me direz,
Sale, taché, un peu déchiré et souvent froissé, tellement je suis manipulé.
Je fais passer des tas d’idées, de nouvelles plus ou moins vérifiées.
L’important, c’est de communiquer, d’occuper tous ces poilus désœuvrés et apeurés.
Mais comme dans tout journal,
Vient toujours le moment fatal du point final !
Je suis….je suis….je suis…je suis…..
Cou
Front
Masque
Massacre
Front
Casque
Je suis un masque
Qui couvre du cou jusqu’au front.
Je suis indispensable.
A glisser sous un casque,
Inventé pour éviter les massacres,
Je couvre du cou jusqu’au front.
A la moindre alerte
Tous les gaz sont absorbés par mon charbon.
J’élimine la menace…
Je ne laisse aucune trace !
Fixé à longueur de journée
Sur la tête des soldats Français,
Je sers à leur tenir chaud, à les protéger.
Je suis toujours là,
Dans les combats, au milieu du froid,
Dans les tranchées, au milieu des fumées.
Au milieu de la terreur dans les tranchées,
A lieu une bataille
Sans aucun soldat tué
Une bataille où il peut jouer, respirer, s’amuser.
Dans leurs mains froides ou chaudes,
Vieilles ou jeunes,
Propres ou sales.
Mais avec moi, pas de blessés.
A chaque heure du jour et de la nuit,
Dans mon étui, je reste près de lui.
Je reste près de lui…
Je suis une gourde, ronde et lourde
En peau,
Pas remplie d ‘eau mais de vin.
Dans le froid, quand il m’a dans les mains,
Mon soldat n’a peur de rien !
Sur lui, au bout de sa bandoulière,
Je suis fière de l’accompagner dans cette grande guerre.
On m’appelle singe mais je suis du bœuf.
Je suis tendre bien qu’en boîte.
J’ai été tué par des hommes. Découpé en rondelles. Cuit dans une marmite pour être mangé.
Je suis mort pour les faire vivre.
Dans les tranchées,
Eté comme hiver,
Tout au long de la guerre,
Ils sont toujours contents de me voir.
Je suis Américain.
Je suis venu aider la France ensanglantée.
Arrivé en bateau, après une longue traversée des eaux,
Je me suis entrainé, avec beaucoup de volonté.
Je suis fier d’être là mais j’ai eu très froid. Croyez-moi !
J’ai eu peur de mourir, de ne jamais revenir,
Près de ma famille que j’ai quittée,
Qui au pays m’attendant le cœur brisé !
Mon soldat.
Je suis toujours là dans les combats au lieu du froid.
Pas de blessé.
Mon soldat.
Je suis un masque.
Je suis une balle.
Je suis une carte.
Je suis un Américain.
Je suis un masque.
Je suis du singe.
Je suis un stylo.
On se sert de moi pour les courriers ou les journaux,
avec de l’encre et pas de l’eau.
Aussi libre qu’un oiseau.
Tenir le coup malgré ses tremblements,
Ecrire les plus intimes de ses sentiments,
A la famille de mon survivant.
Je glisse entre les doigts froids
De mon beau soldat,
Qui écrit à ceux qui l’attendent là-bas,
Tout son amour, ses peurs et ses effrois.
Je reste près de lui.
Je reste près de lui
Dans les tranchées, au milieu des fumées,
Les tranchées, au milieu des fumées
Je reste près de lui.
Je reste près de lui
Dans les tranchées, au milieu des fumées,
Dans les tranchées, quand mon soldat entend la cloche tinter,
Comme un miracle, je fais mon apparition.
J’ai une seule mission, la complète désinfection,
Absorber ce gaz avec du charbon.
Affreusement serré, je le laisse quand même respirer.
Quand la fin de l’alerte sera donnée,
Je laisserai sur le visage de mon sénégalais,
Une empreinte très marquée.
Je suis…je suis …je suis….je suis….
La guerre une fois terminée,
Casque, cadavre, carnage, catastrophe, coup raté ou coup porté
Je serai sûrement très cabossé…
Mon soldat.
Je suis toujours là dans les combats
Au milieu du froid.
Pas de blessé.
A chaque heure du jour et de la nuit,
Je suis toujours là dans les combats,
Au milieu du froid.
A chaque heure du jour et de la nuit,
Mon beau soldat,
Tout son amour, ses peurs et ses effrois.
Mon soldat.
Je reste près de lui .
Je reste près de lui.